« Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination » écrit Céline en épigraphe du Voyage au bout de la nuit. Je ne vois guère d’autres justifications à cette extravagante entreprise qui consiste à boucler ses valises, à abandonner son chat et ses livres, à renoncer au silence bienheureux de la solitude, à grimper dans un train, une voiture, un avion, un autocar, une patinette, un side-car, un cargo, ce que vous voulez, à se munir d’un Guide bleu, de traveller’s chèques et de bonnes résolutions, pour prétendre « chercher du nouveau » sous les cocotiers ou au pied des pyramides. Mais à l’heure où la Patagonie, les Kerguelen, la Sibérie ou les Seychelles sont à la portée du premier pantouflard venu, huit jours porte à porte tout compris, cette prétention est-elle bien licite ? « Voyages sans frontières », s’intitule par exemple une agence particulièrement « compétitive », dit-on. Piteuse promesse ! Continue reading